TIC-TAC


Un projet de Hannah Weinberger
12.06.2020 – 05.07.2020

Horaires pour la bande sonore:

QG: 13h-18h
Ex-Benetton: 08-20h00
Avant-Poste: 08-20h00

ATTENTION! LES AFFICHES NE SONT MALHEUREUSEMENT PLUS VISIBLES DEPUIS LE 1 JUILLET (numéros 4-10 sur le plan)

 

Initialement prévue dans les murs de Quartier Général, l’exposition Tic-Tac de l’artiste bâloise Hannah Weinberger (1988, Filderstadt) se déploie dans plusieurs lieux de la ville de La Chaux-de-Fonds (voir plan). Sous forme d’onomatopées (soit des mots qui reproduisent phonétiquement un son particulier, comme c’est le cas de « wouaf wouaf » pour l’aboiement), les différentes installations sonores de l’artiste illustrent aussi bien des cris d’animaux de la ferme, le bruit du trafic, la chanson Comic Strip de Serge Gainsbourg (1967) que la sonnerie du téléphone. Si les onomatopées sont destinées à être entendues, elles sont tout autant vouées à être vues ; leur fonction est d’évoquer le bruit par leur prononciation, mais aussi par leur apparence visuelle. C’est donc naturellement qu’Hannah Weinberger préfère la fonction visuelle – et donc l’écriture – pour plonger le spectateur dans une expérience sensorielle à la fois éminemment personnelle – voire intime – et collective, en stimulant son imaginaire et en réveillant ses souvenirs. En effet, lorsque le lecteur interprète le terme « cocorico », il peut se remémorer des vacances passées à la ferme ou une anecdote particulière qui lui rappelle un coq. Mais il peut aussi être happé par l’inconscient collectif, et penser au symbole national de La France ou au moment du réveil. De plus– et c’est là que l’exposition offre tout son piquant – il peut reproduire le son avec sa bouche, rappelant la spontanéité de l’enfance.

Entrées dans le langage commun, notamment par la bande dessinée qui leur offre une place prépondérante, mais présentes aussi dans la musique, la poésie ou l’art contemporain, les onomatopées permettent de signifier des bruits du quotidien, mais aussi d’accentuer une situation humoristique. Aujourd’hui, si elles viennent s’installer dans l’espace public sous une forme simplifiée, c’est pour leur potentiel de compréhension intuitif qui permet à chacun de les comprendre de manière particulière selon son expérience sonore passée et pour – comme le pensaient les futuristes au début du XXesiècle –  reconduire l’art vers la vie (l’onomatopée et le bruit étant le reflet immédiat de la vie réelle).

Outre cette immersion dans l’univers des onomatopées, Weinberger souhaite également questionner le rapport que nous entretenons avec l’espace public dans le contexte actuel en ajoutant des sonorités à ces interventions. En plus de l’omniprésence des supports publicitaire et du trafic, la rue nous confronte désormais à des limites, des distanciations, des instructions, etc. C’est ainsi que son travail propose une seconde piste de lecture, davantage socio-politique, où l’artiste invite à repenser l’espace, questionner la vie privée, et enfin, d’interroger la place du citoyen au centre de la ville ; de quoi conscientiser ce moment et prendre un bol d’air frais ! SMACK !

Hannah Weinberger est exposée internationalement,notamment à la Biennale de Lyon et la Manifesta 11. Sa démarche a été récompensée par un Swiss Art Award en juin 2019. Depuis 2009, Hannah Weinberger crée une œuvre sonore, utilisant d’abord sa propre voix, puis des sources collectées sur Internet. Composant des bandes-son spécifiques aux espaces qu’elle investit, à partir d’outils disponibles en ligne ou mixant des bandes originales de vidéoclips, elle construit ses installations autour de la seule présence physique d’enceintes.


YOUPI ! L’anecdote

 

Puisqu’ils ne participent pas systématiquement activement au montage de leurs propres expositions, certains artistes envoient des instructions de montage de leurs œuvres aux commissaires d’exposition. Ces derniers doivent donc respecter les consignes et interpréter au mieux les directives fournies, afin que l’exposition corresponde à celle imaginée par l’artiste. S’appuyant sur ce constat et souhaitant interroger les différentes interprétations possibles, le curateur suisse Hans Ulrich Obrist a proposé à des artistes de renommée internationale (notamment Ai Weiwei, Louise Bourgeois, David Lynch, etc.) de rédiger des notices d’installation simples à réaliser (cf. l’ouvrage Do it : The Compendium, 2013). Cette expérience a permis de créer des expositions flexibles, qui reflétaient l’imagination de ceux qui avaient pour mission de les mettre en place. Participant à ce projet, Hannah Weinberger a pour sa part simplement transmis une liste d’onomatopées, en précisant que celles-ci pouvaient être utilisées à certains escients : imprimées sur le sol, exprimées oralement, utilisées dans un communiqué de presse ou dans un sous-titre, chantées à haute voix, etc.