Chagrin Festival


Une exposition d'Augustin Rebetez avec la participation de Leo Regazzoni
11.10.2019 – 08.12.2019

« Chagrin Festival », une exposition d’Augustin Rebetez avec la participation de Léo Regazzoni

 

Artiste touche-à-tout, Augustin Rebetez (*1986, Mervelier, Jura) s’intéresse d’abord à la photographie avant d’étendre son activité artistique à différents médiums, la plupart du temps en les mélangeant. C’est l’association de dessins, textes, peintures, vidéos, installations ainsi que, plus récemment, de courts-métrages et de pièces de théâtre qui rend l’œuvre d’Augustin Rebetez si particulière, foisonnante et totale. « Artiste bricoleur », il utilise aussi bien le pinceau ou l’encre que des bouts de ferraille ou des matériaux recyclés, dans une esthétique de bric et de broc. « Artiste hyperactif », Rebetez imagine des œuvres multiformes qui résultent d’un processus créatif toujours actif. À ce propos, il explique : « Je suis comme un sportif qui s’entraîne beaucoup pour faire de l’art. » Son travail de recherche passe donc par l’élaboration de nombreuses esquisses et l’usage accru de l’écriture. Augustin Rebetez pratique en effet le langage automatique, formulant des suites de mots aléatoires et dichotomiques, afin de « stimuler son imaginaire ». Avec son équipe issue d’horizons divers (musiciens, architectes, acrobates, danseurs) et mêlant l’art et l’artisanat, Augustin Rebetez crée un monde habité de créatures hybrides et d’objets-machines, explorant les thématiques du rêve et du cauchemar, de la nuit et de l’au-delà, de la monstruosité et de l’absurde. Ses expositions, souvent immersives, sont ainsi parsemées d’objets composites aux significations multiples, donnant naissance à un univers à la fois étrange et poétique qui lui est propre.

 

 

« Chagrin Festival », présenté à Quartier Général, reprend des sujets chers à Rebetez : l’au-delà, la mort et la vie sont au cœur de cette exposition, d’ailleurs plus introspective qu’à l’ordinaire. S’interrogeant, comme à son habitude, sur le monde – invisible – qui l’entoure, et cherchant à mettre en lumière des éléments relevant du souterrain, du marginal, de l’insensé et de l’imaginaire, l’artiste aborde de multiples facettes de l’humain. L’activité artistique intense et les œuvres hétéroclites de Rebetez témoignent en fait de son énergie et de son goût pour la vie. S’inspirant autant des œuvres de Jean Tinguely, de Louise Bourgeois, de l’art pariétal et tribal, que des mythes et légendes anciennes, l’art ambivalent d’Augustin Rebetez exposé ici ne semble se fondre dans aucune catégorie, proposant à la place un univers tangible et incertain. Au travers d’une installation immersive mettant en scène une chapelle entourée de « stèles », de statuettes, d’objets bricolés, de sortes de bijoux et d’« oiseaux humanoïdes », il y interroge notre rapport à la mort et à ses rituels – anciens ou nouveaux, pratiques implantées ou actions inventées, notre perception d’espaces identifiables et indéfinis, ainsi que notre relation au temps qui passe et à nos souvenirs. L’artiste jurassien s’éloigne dès lors des repères familiers pour mieux les questionner. Il s’intéresse notamment à la place des objets et à leur fonction mémorielle lors d’un rituel funéraire, se demandant : « Qu’aimerais-je avoir dans ma poche de ma chemise au moment où je me fais inhumer ? » En partant de cette réflexion, il tente d’éveiller les sens et de provoquer les émotions d’autrui, en leur offrant diverses possibilités d’interprétation : « Tous ces objets que je crée font juste prendre conscience que la vie est là et qu’il faut la vivre. C’est plutôt cet aspect qui est signifié, et c’est peut-être là que c’est émouvant. Une exposition d’art comme celle-là ne parle pas du tout de la mort, mais de la vie, qui est très subtile et légère, et qui passe très vite. » Créateur d’un monde irréel et chimérique, Augustin Rebetez n’en demeure pas moins un artiste sincère et hédoniste, qui souhaite susciter des émotions chez les autres et les faire vivre, tout simplement. Pour cette exposition, Rebetez collabore avec Leo Regazzoni (*1978). C’est notamment en raison de sa fascination pour la mort, depuis la perte d’un proche durant sa jeunesse, que Leo Regazzoni participe ici à la création d’un espace connotant la vie et la mort. Créateur autodidacte, il conçoit ainsi une chapelle en bois fabriquée avec des matériaux recyclés. Située au cœur de l’exposition, elle renvoie à ses souvenirs d’enfance : Regazzoni jouait en effet dans des chapelles abandonnées parsemant les paysages du Piémont italien d’où il est originaire. Ces lieux devenus séculiers, ces cabanes de jeu mystiques, ne sont du moins pas dépourvus d’une atmosphère spirituelle, imprégnant également la chapelle de « Chagrin Festival ».

 

 

D’origine jurassienne, diplômé en photographie de l’École supérieure d’arts appliqués de Vevey (CEPV), Augustin Rebetez se fait connaître par sa série photographique Gueules de bois(2009), représentant les fins de soirées mélancoliques de la jeunesse jurassienne. Dès lors, il participe à divers festivals – tels que les Rencontres photographiques d’Arles, la Nuit des Images du Musée de l’Élysée (2013), le Festival Images Vevey (2013-2014) ou encore la Biennale d’art de Sydney (2014) – et est régulièrement gratifié de prix (à l’instar du Grand prix international de photographie de Vevey ou, dernièrement, du Prix Alfred Latour). Ses créations sont représentées par plusieurs galeries dans le monde (Galerie C à Neuchâtel, Galerie Nicola von Senger à Zürich, Feldbusch Wiesner Rudolph à Berlin, Stieglitz19 à Anvers ainsi que la Galerie Naruyama à Tokyo). Augustin Rebetez présente son travail – personnellement ou collectivement – aussi bien en Suisse qu’à l’international (Liban, Chine, Japon, Russie, Norvège, Brésil, États-Unis, Canada). Après « Chagrin Festival » à Quartier Général, pour laquelle il a carte blanche, Rebetez présentera dès décembre son travail à la Metenkov’s House (Museum of Photography, Yekaterinburg) en Russie.

 

 

Leo Regazzoni a grandi entre Yverdon-les-Bains et Lausanne. Il jongle entre son travail d’enseignant, son activité artistique et musicale, ainsi que sa vie familiale. Se considérant comme autodidacte, il explore autant la gravure, la sculpture, l’installation, la scénographie théâtrale que la musique. Il aime surtout créer des objets, bricoler et fabriquer de ses mains des structures en bois à l’ambiance féérique, situées souvent en pleine nature. Leo Regazzoni s’interroge sur le devenir physique des humains après leur mort : ses créations rejoignent ainsi souvent cette thématique, à l’instar de la chapelle, de figurines en argile et de mobiles squelettiques présents à « Chagrin Festival ». Après « Rentrer au volcan » (2015) et « Atelier Général » (2017), « Chagrin Festival » marque la troisième collaboration entre Leo Regazzoni et Augustin Rebetez, qui partagent un univers commun.

Exposition soutenue par la Kresau4Stiftung, la fondation Dr. Georg und Josi Guggenheim, la Fondation Erna und Curt Burgauer, Zurich, la Ernst und Olga Gubler-Hablützel Stiftung et la Volkart Stiftung

copyright: Augustin Rebetez